Le 23 novembre 2021, nous avons publié notre rapport sur la procédure de pré-enregistrement par Skype sur le continent grec, la Crète et Rhodes. Notre rapport “Des vies en suspens” étudie la longueur des délais que les personnes rencontrent quand ils essayent de contacter le Service d’Asile Grec via Skype et les conditions de vies qu’elles sont obligées d’endurer tant qu’elles ne sont pas enregistrées.

Nous avons parlé avec 25 personnes qui demandent l’asile et analysé plus de 1,100 dossiers pour écrire ce rapport. Nous sommes très reconnaissants envers toutes les personnes avec lesquelles nous avons parlé pour leurs précieuses informations.


Nous pensons que la procédure via Skype demeure l’obstacle le plus important pour accéder à l’asile en Grèce. Nous espérons qu’en apportant ces preuves, nous pourrons convaincre le gouvernement Grec de modifier cette procédure via Skype pour s’assurer que tout le monde ait un accès effectif et équitable à l’asile en Grèce. Lorsque nous avons examiné nos dossiers, nous avons constaté que 1 personne sur 6 nous ayant contacté ne savait pas comment demander l’asile et nous a demandé des informations à ce sujet.

Nos recherches montrent que les personnes n’ont souvent pas accès à l’information sur la manière de demander l’asile. Nous avons constaté que la majorité des personnes (84%) obtiennent des informations sur la procédure d’asile par d’autres demandeurs d’asile. Nous avons également recueilli des témoignages préoccupants concernant des personnes mal traités par la police et le Service d’Asile Grec quand ils ont essayé d’obtenir des informations auprès d’eux.

Bien que le droit international et national protège le droit d’asile, la procédure actuelle via Skype empêche les gens d’accéder au système d’asile pendant de longues périodes. Les personnes avec lesquelles nous avons parlé ont eu un temps d’attente moyen de 14 mois avant de pouvoir contacter le Service d’asile par Skype, dont 7 personnes qui ont essayé de contacter Skype pendant plus de deux ans.


Tant que les demandeurs d’asile/ personnes n’ont pas pu contacter le Service d’Asile sur Skype, ils ne reçoivent aucune aide de l’Etat grec. Cela signifie que de nombreuses personnes manquent de nourriture, d’argent et n’ont pas de logement. Nous avons constaté que le taux de personnes se trouvant à la rue alors qu’ils essayent d’appeler Skype est 74 fois plus élevé que le taux national en Grèce.

Lorsque les personnes ne sont pas enregistrées, elles ne peuvent pas non plus accéder au système de santé public. Nous avons constaté de nombreux cas où des personnes malades et nécessitant des soins ne pouvaient pas y accéder du fait de leur situation juridique. L’accès à la santé est perçu, après la protection internationale, comme l’avantage majeur d’être enregistré en tant que demandeur d’asile en Grèce.

Nous avons constaté de nombreux cas où des personnes ont payé des avocats pour des documents dont ont leur a dit qu’ils allaient les protéger. Cependant à notre connaissance ces documents ne fournissent aucune protection contre le fait d’être détenu ou expulsé. De nombreux avocats font payer beaucoup d’argent pour ces documents ou pour d’autre type d’aides. Nous avons également constaté de nombreux cas où des avocats prennent l’argent des gens mais ne les aident pas pour leurs dossiers.

Nous avons discuté avec des personnes sur la manière dont ils survivaient en Grèce. Beaucoup de personnes sont obligés de travailler illégalement en Grèce pour subvenir à leurs besoins. Malheureusement ils travaillent souvent pour un très petit salaire ou dans des mauvaises conditions de travail, mais sans avoir d’autres choix pour pouvoir manger et survivre.


Nous estimons que la procédure actuelle via Skype exclut les personnes de la procédure d’asile pour des périodes inutilement longue. Tout le monde a le droit de demander l’asile et de recevoir des aides afin d’avoir un niveau de vie décent pendant qu’ils attendent que leur demande d’asile soit examinée. Nous ne pensons pas que la procédure via Skype soit conforme aux normes de protection et nous ne pensons pas que les personnes devraient risquer d’être détenues, expulsées et refoulées.

Nous estimons que la procédure via Skype doit être modifiée en urgence. Nous avons fait de nombreuses recommandations au gouvernement Grec sur les mesures à prendre. Ces recommandations permettraient de:

  • Simplifier la procédure via Skype et augmenter le nombre d’heures par semaine auxquelles une personne puisse appeler

  • Faire en sorte que les autorités communiquent des informations correctes sur la procédure d’asile

  • Permettre aux personnes d’enregistrer par d’autres manière leur demande d’asile, par exemple en personne ou par écrit.

Nous avons aussi fait des recommandations à la Commission Européenne. Ces recommandations permettraient de :

  • Faire en sorte que l’Europe tienne la Grèce responsable lorsqu’elle ne respecte pas les normes de protection.